TATTOOS, LOVE, MONEY & FRIENDSHIPS Une aiguille plantée dans la peau, le poing un peu serré, Emrys se détendait petit à petit. C’était son 5ème tatouage, maintenant, et il avait appris à s’habituer à la douleur créée par ces petits pigments qu’on lui glissait sous la peau, à vie. Il était dans le salon du Mall, chic et cher, mais valait mieux : il ne tenait pas particulièrement à se retrouver avec des pâtés horribles, et des maladies de la peau incurable, et puis il avait l’argent pour, alors pourquoi pas ? Le garçon avait appris qu’il fallait profiter de ce qu’on avait, dans une certaine mesure. Quand il était adolescent, il avait appris à s’éloigner de tout ce que pouvaient lui offrir ses parents, c’est-à-dire de l’argent, à défaut de de l’affection, de de l’amour. Maintenant, son père lui fournissait la grande majorité des vivres qui lui permettaient de vivre, sa relation n’avait absolument pas changée, avec lui, mais au moins, il pouvait se payer ce qu’il voulait, pour lui et pour les autres. Emrys avait alors grandit dans cette philosophie de la vie : l’Amour, ou l’Argent. Comment autrement, quand il avait eu tant d’exemple qui lui avaient prouvé que concilier les deux étaient impossible ? Son père dirigeait la plus grande entreprise d’empaquetage de céréales de l’état, il avait réussi une ascension fulgurante malgré son statut d’immigrant indien, l’argent coulait à flot pour, et sa femme, qu’il avait épousé alors qu’il ne valait pas plus que 10 paquets de coco pops n’était aujourd’hui plus que l’image de son entreprise : belle, et fidèle à Monsieur Singh. L’amour entre les deux avait disparu depuis bien longtemps, aussi longtemps que leur fils puisse s’en souvenir, d’ailleurs ; pour lui, ses parents n’avaient jamais dormi dans la même chambre, n’avaient jamais dîné en même temps, n’avaient jamais passé une journée sans se disputer ; on lui avait raconté qu’au début, entre les deux, c’était magnifique, de l’amour pur et brut, mais que depuis que son père s’était enrichi, tout avait bien changé, et Emrys le savait : s’ils n’étaient pas officiellement divorcés aujourd’hui, c’était pour l’entreprise, et pour rien d’autre.
Mais ne pleurons pas sur le sort de ce garçon, après tout, il a eu une belle vie, jusqu’à maintenant ; il a été malheureux beaucoup trop souvent, quand il était enfant, mais il n’a jamais été le plus triste de tous les enfants tristes au monde. C’est déjà ça, n’est-ce pas ?
« Alors Em’, ton pote est pas là, aujourd’hui ? J’croyais que t’avais besoin qu’on te tienne la main pour pas que t’ai bobo » « HA-HA. Vraiment super drôle … C’est pas ma faute si tu es aussi doux qu’un avion à réaction… »Cet ami, dont parlait si bien le gros tatoueur baraqué du centre commercial, c’était Teddy-Lloyd. Ou Ted. Ou Teddichou. C’était son meilleur ami, le seul qu’il garderait, pour sûr, d’un bout à l’autre de sa vie : ils s’étaient connus à la maternelle, et ils mourraient dans la même maison de retraite, voilà à peu près la seule chose dont Emrys était absolument certain. Et aussi que Manchester était la meilleure équipe de foot au monde, mais ça c’était une autre histoire.
C’est cool, la maternelle, non ? C’est un âge où tout le monde s’aime, et où personne ne sait comment on fait pour détester. Les filles fuient les garçons, les garçons fuient les filles, les unes jouent à la marelle et à la dinette, les autres font inlassablement les mêmes jeux de voitures. Emrys et Teddy s’étaient rencontrés dans cette ambiance de détente continuelle, et ne s’étaient pas séparés depuis. Bon, tout n’avait pas exactement bien commencé, puisque la sœur jumelle de Teddy (à l’époque connue comme
« SA JUMELLE », si ce n’est comme
« SA SOEUR MALEFIQUE » ) lui avait volé son tube de colle, et comme il avait appris qu’il ne fallait pas crier sur les filles, il avait crié sur Teddy, et ce fut ses premiers mots pour lui, m’enfin, après, tout c’était arrangé. Une semaine plus tard, ils se juraient, les mains pleines de crachat ‘jurator’ qu’ils resteraient amis pour la vie.
Mais bon, est-ce qu’à 3 ou 4 ans, on peut réellement parler d’amitié, solide, réelle ? Mouais, disons que l’amitié qu’ils partagent aujourd’hui s’était plutôt dessinée quand les deux gosses avaient 6 ou 7 ans, et qu’ils avaient commencé à s’intéresser à la famille de l’autre. Emrys avait appris que ce n’était pas que ses parents, qui avaient un
problème d’amour, comme il aimait l’appeler. Apparemment, les parents de Teddy aussi, n’aimaient pas trop se faire des bisous, et apparemment, le papa de Teddy n’aimait pas trop Teddy. Et il appelait Penny « Débile ». D’accord, la jumelle ne parlait pas très bien, et elle était très drôle quand elle courrait parce qu’elle perdait souvent l’équilibre mais, si même lui ne l’appelait pas débile, pourquoi son père le faisait ? Teddy, lui, avait appris que s’il venait chez Emrys, il fallait qu’il s’habitue aux cris du patriarche de la maison, et aux réponses tout aussi hystériques de celle qui était censée avoir le titre d’épouse aimante. A partir de ce moment où ils avaient partagés réellement leur vie avec l’autre, là, ils étaient devenus les meilleurs amis du monde, pour le meilleur et pour le pire, pour toujours et à jamais.
« Qu’est-ce que t’as fait, encore ? C’est quoi ? Une bite ? » « Et moi qui ai osé penser que les gays étaient des mecs élégants … »Emrys ne s’était pas tatoué
une bite sur la main, évidemment ; c’était une petite hirondelle, aux ailes déployées, symbolisant le bonheur. Rien à voir avec une bite, elle était super belle, son hirondelle, d’ailleurs ! Le gros tatoueur empaqueta sa main sous du papier film pour la protéger, le temps que l’encre s’incruste bien sous la peau. Emrys connaissait la chanson, maintenant. Pas d’eau, il fallait qu’il nettoie ‘la plaie’ jusqu’à ce qu’elle cicatrise parfaitement, il y aurait de l’encre qui suinterait de tous les pores, ça serait dégueulasse, il fallait qu’il mette de la crème et tout le blabla. Mais d’ici une semaine, ça serait super beau.
Teddy – parce que c’était teddy, qui venait de parler – était homosexuel. Ça serait mentir que de dire qu’Emrys ne l’avait pas toujours su, parce qu’après tout, ce n’était jamais lui qui voulait jouer aux barbies, quand ils étaient gosses. Mais ça ne l’avait jamais dérangé, puisque Teddy adorait aussi jouer au foot et à la gameboy. Qu’est-ce que ça pouvait faire s’il devait jouer aux barbies, si Teddy jouait au foot et à la gameboy avec lui ? L’annonce officielle, la sortie du placard, appelez-là comme vous voulez, avait été faite quand les deux avait 15 ans, peut-être 16, et Emrys avait répondu en serrant son meilleur ami dans ses bras, qui tremblait presque de cette annonce.
La relation que partageaient les deux jeunes hommes était unique en son genre. Ils étaient tendres l’un envers l’autre (vous n’avez qu’à regarder le nombre de fois où ils ont dormi l’un contre l’autre, le nombre câlins qu’ils se font à la journée), complices (à tel point qu’un seul regard leur permettait de savoir ce que l’autre pensait), et ils avaient tellement d’histoires communes à regretter (la fois où ils ont fait ci, et l’autre fois où, putain, ils ont fait ça …) qu’il était évident aux yeux de
tous que ce n’étaient pas que des simples potes de lycée.
Teddy était un modèle en matière gay-itude, un guerrier contre les clichés, une bête noire pour les homophobes, et c’est ça qu’Emrys aimait. S’il était ami avec lui, c’était parce qu’ils avaient des millions de choses à partager, que ce soient des câlins dans le lit comme pouvaient le faire deux filles meilleures amies (sans qu’on leur dise rien, parce que les filles ne sont jamais lesbiennes, elles sont meilleures amies, alors que si deux mecs dorment dans le même lit, attention, SPOTTED GAY), des parties de foot interminables, parce qu’aucun d’eux ne voulait avouer qu’il avait perdu, des disputes sur l’importance dans le monde d’aujourd’hui des Pokemons (et ce n’était pas Emrys qui disait que c’était la plus belle invention de la décennie), des soirées d’anniversaire, des mariages, des bar-mitsvah et tous les trucs où on pouvait s’incruster et avoir bouffe et champagne gratos, ou des sextos. Soyez-pas choqués.
« Ce soir, Teddymour, je te trouve l’homme de ta vie. Ça suffit, maintenant, la solitude ! » « J’suppose que je suis obligé de te faire confiance ? » « Absolument. Tu passes à la pizzeria avec moi, je dois aller récupérer des trucs, après on va chercher ta sœur, et on soooooooooooort. »La pizzeria, c’était là où bossait Emrys. Dans les cuisines, à l’arrière, il y avait son casier, où il avait rangé toutes ses affaires. Il fallait qu’il passe les récupérer, on était samedi, et il ne travaillerait pas avec le mardi qui suivrait. C’était à deux pas du salon de tatouage, vu que la pizzeria était elle aussi dans le Mall. Pratiiiique. Bientôt, ils furent arrivés sur place, Emrys salua tout le monde, et se dirigea vers son casier. Il récupéra le bouquin qu’il lisait en ce moment,
Autant en emporte le Vent, une magnifique histoire sur fond de guerre civile étasunienne vue d’un point de vue des sudistes (tout le monde était très étonné de le voir ramener des bouquins, et bien quoi, qu’est-ce que ça pouvait foutre s’il aimait lire ?), sa veste en cuir qu’il enfila en faisant attention à sa main, et puis, cachée dans un petit renfoncement, un petit sachet rempli d’herbe verte. Taxi, ce soir, hein ?
Les deux amis se rendirent chez Teddy, pour récupérer la sœur, à vélo. Ils parlèrent de la soirée de ce soir. Emrys fit subir un interrogatoire à Teddy.
« Brun ? Châtain ? Ouais, châtain. Ondulés, j’te vois bien avec un mec aux cheveux ondulés, que tu pourras aggripeeeer pendant que vous ferez des choses salaces. Les yeux gris, ou verts. Plus petit que toi, ouais, parce que sinon ton complexe d’infériorité va se réveiller. Gay assumé, pour commencer, parce que sinon ça va être trop compliqué. J’vais te trouver ce mec-là. Et t’as intérêt à au moins le pécho hein, j’te préviens, fait un effort ! » Ca plaisait aux nanas, les mecs à vélos. Les garçons croisèrent beaucoup de leurs connaissances, sur la route. Emrys fit pas mal de clins d’œil, de signes de la main. Bon, d’accord, il draguait tout ce qui bougeait, sous l’œil amusé de son meilleur ami. Il faisait super beau, aujourd’hui. C’était une belle journée pour tomber amoureux. Hein Emrys ?
« Ta sœur est toujours avec… Mason ? » « Pourquoi j’ai l’impression que ça te ferais chier si je te répondais que oui ? »NIGHTCLUB, SEX, DRUGS & HUNGOVER Au début, la relation entre Teddy et Emrys était restreinte, eh bien, à eux deux. Leur duo s’était réellement agrandit à leur entrée au collège. Bien sûr, chacun s’était trouvé d’autres amis, restant tout de même soudés comme un gosse à son doudou, mais un membre en plus s’était ajouté, faisant du duo un
trio. Ce membre, c’était une fille, et ce n’était nulle autre que Penny-Lou, la jumelle de Teddy-Lloyd
que nous appellerons ici Pennys. Ils avaient, tous les trois, littéralement grandit ensemble, et si Teddy ne s’était jamais ému devant la poussée des seins de sa sœur (il n’avait été ému devant aucune poussée de seins d’ailleurs, et c’est ce que Emrys trouvait le plus chiant dans l’homosexualité de son meilleur ami : il ne pouvait jamais s’extasier devant la grâce et la bonassitude d’une nana sans que ça se termine par des ronflements, ou par des
‘Ouais, c’est comme ce mec, là’… Mais bon. Encore une fois, pas HYPER handicapant non plus …), Emrys, lui, l’avait bien remarqué, et n’avait fait que la remarquer, d’ailleurs, depuis ce temps. Pas qu’en tant que fille avec des seins, mais aussi en tant qu’autre que « La Débile », ou « La Jumelle ». Il avait appris à comprendre qui elle était, elle, au fond, la Penny-Lou, la vraie, et disons que cette Penny lui plaisait, beaucoup. Tout, chez elle, de son rire, ses quelque bégaiements quand elle s’énervait, restes de son enfance difficile, à sa manière de laisser traîner des magazines porno près de son lit, à son job absolument parfait de vendeuses de glace, à sa façon drolissime d’être bourrée, plaisait à Emrys. Tout. Tout. Parfaite. En plus, c’était la sœur de son meilleur ami, que rêver de mieux ? Sa meilleure amie et son meilleur ami étaient liés par le sang, ça signifiait qu’ils étaient tout le temps ensemble, qu’ils vivaient ensemble, Emrys pouvait les voir en permanence, et ça c’était …
Zeus, horrible, affreux. Parfait, c'était parfait. Et c'était avec un sourire qu'Emrys déboula dans la maison des jumeaux, dans la chambre de Pennys, et entama une conversation.
« Y'aura des beaux garçons ce soir ? parce que la dernière fois que tu nous as emmené quelque part, on se serait cru dans un rassemblement d'un club de maths. » La baignoire était un endroit très inconfortable. M’enfin, c’était un lit cool, et c’était à la fois près des chiottes, pour vomir, et près du robinet, pour boire, de l’eau. Emrys avait encore la musique de la veille qui résonnait dans son crâne. Zeus, qu’elle était forte. Sa langue était recouverte d’une fine pellicule blanche, communément appelée « Langue pâteuse », parce qu’il avait peut-être légèrement abusé des joints, la veille ; et ce n’était pas la seule chose, qu’il avait surconsommé : l’alcool disparaissait vite, entre ses mains…
Emrys tentait de remettre ses idées en place. Où était-il, pour commencer ? Dans la salle de bains des jumeaux ? Comment avait-il atterri là ? C’était leur appart qui était le plus proche de la boîte où ils avaient passé leur dernière soirée, et c’était soit ça, soit la rue. Pourquoi la salle de bain ? Outre le fait que tous les lits étaient occupés, la baignoire avait cet avantage, comme mentionné précédemment, d’être fort proche des toilettes. Bon. Jusqu’ici, ça allait, le puzzle se reformait correctement, il fallait qu’il continue à se remémorer, et il se dit qu’un coup d’eau froide sur la tête ne pourrait lui faire de mal. Il commença à se déshabiller, et remarqua une petite tâche de vomi sur son t-shirt. FUCK. Il le balança à travers la pièce, et retira ses autres fringues, assez difficilement, puisqu’il était toujours assis dans la baignoire. Il commença à faire couler l’eau, en plein sur sa tête, qu’il tenait baissée entre ses jambes repliées, en gros, s’il n’était pas en train de fermer les yeux, il aurait eu la vue en plein sur son pennys. Pénis, pardon.
« Oh putain Em t’abuses, il est onze heure, on a match dans une heure-là ! »Teddy avait débarqué dans la salle de bain, faisant entrer un courant d’air froid dans la pièce. Emrys avait commencé par grogner, la tête toujours entre ses jambes, puis avait relevé une tête de mort vivant aux cheveux trempés collés sur sa face vers son meilleur ami.
« Pervers … Tu me prêtes un caleçon, steuplait ? Et des fringues aussi ? Je sais pas ce que j’ai foutu, hier, mais c’était pas propre … » « Pas propre du tout, même, je sais pas quelle nana tu pleurais, mais tu t’es bien défoulée sur toutes les autres de la boîte »Oh putain. Pleurer, une nana. Merde. Merlin. Zeus. C’était ça. Emrys releva sa colonne vertébrale, écarquilla les yeux, et laissa glisser ses jambes. Putain. Putain. Il savait maintenant, il s’était souvenu, pourquoi il avait bu comme un trou, terminé toute sa beuh seul, oh putain. Penny.
« Yakoi ? » « Rien … J’veux un caleçon, pas un de tes boxer ultra serrés moule-bite, hein … J’me sens à l’étroit, dedans … » Ils avaient gagné le match. Normal, c’était des bêtes surdouées. Le Football, ou
soccer comme il était appelé aux US était un sport beaucoup trop laissé de côté ici, remplacées par le Baseball, le Football américain, et même le LaCrosse. Stupide. Le foot était le meilleur jeu du monde. Il révélait la vraie nature des gens, et bien souvent, des brutes se cachaient sous les gentlemen, des brutes sanguinaires, ou homophobes, ou les deux. Mais ce match-ci, tout c’était bien passé, Emrys n’avait pas eu à se détruire les phalanges pour défendre son meilleur ami, et c’était tant mieux, créer des bastons n’était pas son sport favori, même s’il gagnait toujours.
Emrys avait marqué un but, un beau but. Il aurait dû être heureux. Au lieu de ça, il serrait et desserrait les poings en permanence. Quelque chose clochait, évidemment, et il ne pouvait pas en parler, à personne. Pas même à Teddy ?
Surtout pas à Teddy, qui lui était aux anges, blablatait sur le match comme si de rien n’était, comme si tout l’univers de son meilleur ami n’était pas en train de s’écrouler.
Putain. Il fallait qu’il arrête de dire putain. Sa mère. Il lui avait dit. IL. AVAIT. DIT. A. PENNYS. QU’IL. L’AIMAIT. Les insultes fusaient dans la tête d’Emrys, contre lui-même et sa connerie, principalement. Et puis il regardait son meilleur ami, se demandait s’il avait ruiné leur amitié en faisant ça, et les insultes repartaient de plus belle. Nan mais putain de merde de sa mère la chienne … DEPUIS QUAND ON TOMBAIT AMOUREUX DE LA SŒUR
JUMELLE DE SON MEILLEUR AMI ? C’était interdit, de faire ça, interdit. Et pourquoi il lui avait dit, mais pourquoi, pourquoi ? Il aurait mieux fait de se NOYER dans l’alcool avant de lui dire, plutôt que de boire
après s’être laissé embrassé, et dégueuler sur son t-shirt Hollister. C’était une catastrophe, une catastrophe, tout ça … Cata.
Il fallait qu’il parle à Penny, il fallait qu’il lui dise que tout ça n’était qu’une erreur, qu’une terrible erreur. Il fallait qu’il fasse un choix. Son amitié vieille de 20 ans avec Teddy … Ou son amour « récent » pour Penny.
« J'en profite pour venir te parler d'hier soir. Tu sais, on était tous les deux dans un état secondaire et ce qu'on a fait, ce que j'ai pu te dire, c'était ... » « Ouais, t'en fais pas, c'est déjà oublié Em, comme tu dis, on était pas dans notre état normal. » Tout de suite après cette conversation, Emrys rentra chez lui. Pas dans la maison de ses parents, non, ça faisait un bail qu’il avait déménagé, maintenant, mais chez lui, dans son petit studio du centre-ville, pas trop loin de son lieu de travail. La tête vidée, il alla s’occuper de ses plantes – ouais, il avait des plantes – puis de son tatouage. Puis, il s’affala dans son lit, attrapant
Autant en emporte de Vent au passage, et le dévora littéralement. Quand il ferma la dernière page, la dernière phrase raisonna dans sa tête.
« I’ll think of it tomorrow, at Tara. I can stand it then. Tomorow, I’ll think of some ways to get him back. After all, tomorow is another day. » Et il se mit à pleurer toutes les larmes de son corps. Que venait-il de faire, hein ? Il se sentait tellement vide qu’il n’arrivait même plus à s’insulter. C’était une catastrophe, il avait tout ruiné, autant sa relation avec Penny que celle avec Teddy, au fond. Et il n’avait pas la force de Scarlett O’Hara, il n’avait pas la force de poursuivre son bonheur jusqu’au bout. Il voulait dormir, et tout oublier, juste … oublier.