« Arthur, c’est qui cette fille ? » Je pointais du doigt à mon meilleur ami la jolie blonde qui venait d’entrer dans la cafétéria. Grande, sublime, longues jambes. J’étais complètement hypnotisé par cette beauté fatale. « C’est la nouvelle, elle arrive de Los Angeles il me semble. Pourquoi ? » Je souriais en entendant ces informations. « Oh rien… » J’ai attendu la fin de la journée pour faire un pas vers elle. Assis sur le capot de ma voiture, j’attendais qu’elle sorte de l’établissement pour l’aborder. « Hey… » Elle tourna alors la tête pour savoir qui l’appelait et s’arrêta sur moi. Je me mis à sourire et elle en fit de même, tout en s’approchant de ma personne. « Hey. » « Je m’appelle Nathan. » « Emily. » « Heureux de faire ta connaissance. » Je n’étais pas du genre à approcher des filles comme ça, sans raison. Enfin, sauf en soirée où je le faisais très souvent mais là, c’était différent, je le sentais. Du coup, je m’étais senti pousser des ailes et j’avais fait le premier pas. Et j’étais fier de moi, vraiment, surtout quand on sait ce qui vient par la suite. « Quelle main ? » Elle se mit à rigoler alors que j’avais mes mains dans mon dos, cachant ce que je souhaitais lui offrir. « Hum… droite ! » Je ramenais devant moi ma main droite et l’ouvrais afin de lui dévoiler ma surprise. « Joyeux anniversaire ! » Dans ma main se trouvait un collier en or blanc avec un pendentif pouvant cacher deux photos dedans. Ça faisait maintenant quelques mois qu’Emily et moi étions en couple. Ce premier pas, celui que j’ai fait le jour où je l’ai vu, c’était la meilleure chose que j’ai pu faire dans ma vie. Depuis, je suis heureux avec cette fille que j’aime et c’est totalement réciproque. « Je t’aime Nathan. » « Je t’aime aussi. » Dans l’ambiance de la soirée que j’avais organisée, on a eu notre première fois à tous les deux ensembles.

« Tu me saoules ! T’es jamais là et dès que tu l’es, tu ne fais rien pour mettre ton boulot à part ! » « Je n’ai pas des milliers de dollars sur mon compte, je dois bosser pour gagner ma vie ! » Six ans après, mon couple avec Emily n’était plus aussi beau qu’à ses débuts. On vit ensemble mais on ne se voit jamais. Je suis souvent d’attaque pour passer du temps avec elle mais ce n’est pas réciproque. Donc ça m’énerve et je lance une engueulade. Forcément, ça finit mal. Mais un jour, j’en ai réellement eu marre. « Ça sert plus à rien qu’on vive ensemble. On n’est même plus un couple et on ne cesse de s’engueuler pour un oui ou pour un non… » Je la regardais, l’air sérieux. C’était notre dernière et ultime dispute. « Dis-le. » Je baissais alors la tête, je ne voulais pas en arriver là, vraiment. Mais c’était la seule issue. « Tu ne me laisses pas le choix… » Je soupirais, prenant du courage. « C’est fini. » Et voilà, c’était la fin d’une relation de six longues années, comme ça. En deux mots. « Je te laisse l’appartement, je récupérerai mes affaires dans la semaine. » Je la voyais baisser la tête alors qu’elle était installée dans le canapé. Et moi, tout ce que j’ai pu faire, c’était me diriger vers la porte de l’appartement et sortir. Dans la semaine, j’ai profité de son absence pour récupérer mes affaires et lui laisser mes clés. La semaine d’après, j’étais à New York, prêt à vivre une nouvelle vie, loin de Boston et de mon passé avec Emily.

« C’était… woaw ! » « Comme tu dis ! » J’étais allongé sur mon lit, regardant le plafond tout en tentant de reprendre mon souffle. Depuis plusieurs semaines maintenant, Alexys et moi nous nous fréquentions. Ce n’était rien d’officiel, non. Les histoires de couple, j’avais assez donné. Maintenant, je voulais m’amuser le plus possible, profiter de la vie. Après tout, j’avais vingt trois ans alors pourquoi s’encombrer de choses inutiles comme des responsabilités. Du coup, ouais, je voyais Alexys plusieurs fois par semaine, sans pour autant avoir l’exclusivité. Notre petit arrangement a duré pendant un long moment je dois l’avouer. Au fil des années, je ne me rendis plus compte. Jusqu’au jour où… « Je suis enceinte. » … la bombe arrive. « Enceinte ? Tu es sûre ? » Ok, notre relation avait évolué à un point où on était limite en couple tous les deux. « Oui je suis sûre. » Je m’installais –enfin je tombais– sur mon canapé. « On fait quoi ? » Elle était limite étonnée de ma question et s’installait à mes côtés. « Je sais pas… » Forcément, j’ai demandé à mon père. C’était lui qui gérait l’image de la famille et de l’entreprise. Oui, j’avais oublié de mentionner que mon père était un homme influant qui souhaitait que tout soit parfait, en apparences. Il arrivait à manipuler les faits pour les tirer à son avantage. Donc quand je lui ai dit ça, je savais que peu importe la décision qu’il prendrait, je serai obligé de le suivre. « Tu vas te marier avec elle. Élever cet enfant ensemble et continuer de vivre ta vie de cette façon. De plus, tu vas prendre les rennes du siège à Boston. Ta petite famille semblera parfaite, aura de l’argent et tout le monde est content. » J’étais sous le choc. Je ne pensais pas réellement que ça irait jusque là. Un mariage, vraiment ? « Et si je ne veux pas me marier ? » Il se mit à rire. « Tu n’as pas le choix Nathan. C’est ça ou tu ternis l’image de la famille en ayant un bâtard comme bambin. » Il fallait donc que je partage ce choix avec Alexys qui acceptait alors cette solution. Enfin, elle a accepté de se fiancer avec moi à condition d’accoucher à New York. Du coup, pendant les neuf mois qui ont suivi, on est resté dans la grosse pomme. Puis une fois le petit mis au monde, on est parti à Boston. J’ai vingt-six ans et je suis père. Surtout, je retourne dans la ville où se trouve mon premier amour. En espérant que la ville soit assez grande pour que je ne la rencontre pas.