Cece, certes on se ressemblait, mais cette fille n'a jamais été ma sœur. Jamais. « Grace reviens ici ! Ne tourne pas les talons comme tu le fais ! », et voilà maintenant qu'elle voulait jouer au grande ? Elle qui n'a jamais rien fait pour moi. Elle connaissait quoi de moi ? Rien. Elle connaissait mon prénom, mon âge, à quoi je ressemblais, mais si on lui demandait quel était ma couleur préféré, elle aurait été incapable de répondre. Incapable de quoi que ce soit par rapport à moi. « Quoi encore ? Qu’est-ce que tu veux me dire ? Quelle critique tu peux encore faire sur moi et ma manière de vivre ? Je t’en pris, parle ! », ah si. Elle était capable d'une chose : me critiquer. La colère montait de plus en plus en moi. Elle m'énervais. C'était exaspérant. Elle pensait faire quoi en faisant ça ? Elle voulait jouer les grandes, et prendre soin de moi maintenant que il n'y a plus maman ? Il fallait le faire plus tôt, il est trop tard maintenant. Elle m'a toujours critiqué alors que je ne faisais que vivre ma vie. Je n'ai jamais rien dis moi, sur sa façon affreuse de faire les choses, de gérer sa vie. « Je ne veux pas te critiquer, je veux t’aider Grace ! » Bien sur. On y croit tous, elle va à présent jouer les sœurs bonne samaritaine. « Bah voyons.. Maintenant tu veux m’aider ! », la colère n'aidait en rien, et je tentais comme je le pouvais de ne pas montrer que oui j'avais besoin d'elle. J'avais besoin d'une sœur. J'avais besoin qu'on s'occupe de moi, et encore plus maintenant que maman n'était plus là. Une larme roula sur la joue, il ne fallait pas qu'elle le voit. Je refusais d'être faible face à elle. « Je n’ai pas besoin d’aide, ok ? Je me suis débrouillée toute seule toute ma vie. C’est pas maintenant que tu vas commencer à jouer la grande sœur autoritaire qui s’inquiète de moi. » Ma fierté avait forcément repris le dessus bien vite. « Bien sûr que oui, je m’inquiète pour toi. Je l’ai toujours fait ! Même si ce n’était pas très flagrant… » J'y croyais pas une seconde. Elle ne s'est jamais inquiété pour moi. Pas une seule fois elle ne s'était occupé de moi. On avait jamais rien fais ensemble, comme des vraies sœurs. On avait juste partager un toit, des parents et une autre sœur, mais on a jamais été plus que deux personnes distinctes qui vivaient sous le même toit. « Arrête ton numéro, ça ne marche pas sur moi. » « Alors pourquoi tu pleures ? » Je pleure parce que j'aurais voulu que tu sois une sœur plus tôt. Je pleure parce que quand j'avais besoin de toi, tu n'était pas là. Je pleure parce que je me suis sentie affreusement seule. Je pleure pour maman, je pleure pour papa, et je pleure aussi pour la sœur que je n'ai pas eu. « Je pleure parce que tu me fais pitié, voilà pourquoi. T’es toujours entrain de t’inquiéter pour moi, pour les autres. J’ai pas besoin d’une nounou collante, ok ? » Faux. Je voulais me confier à quelqu'un, je voulais que ma sœur soit aussi ma meilleure amie. J'aurais voulu lui raconter tous mes problèmes, toute ma tristesse, et j'aurais voulu pleurer avec elle la mort de maman. Rire des vieux souvenirs, et pleurer parce qu'il n'y en aura pas d'autres. « T’es juste pathétique. Tu veux que tout le monde pense que t’es une badass, mais t’es juste qu'une petite fille effrayée sans estime de soi qui a trop peur de poursuivre ses rêves. » Je reprenais le dessus sur ma tristesse. J'étais de nouveau forte, j'avais de nouveau enfilé mon masque de protection, j'avais activé ma fierté de nouveau. Mon répondant, ma froideur, ma franchise. Le fait de blesser, aussi. Elle attrapa mes mains, « Écoute.. Maman est morte. Papa est en deuil. On doit rester soudées toutes les trois. » Je retirais mes mains. Elle voulait jouer la carte de la petite famille idéale maintenant ? « Ce sera sans moi. Dit à Julia que je lui donnerais de mes nouvelles. Mais toi Cece… considère-moi comme morte. Aussi morte que maman. », Cece n'a jamais été ma sœur. Lorsqu'on me demande si j'ai de la famille, je réponds que ma mère est morte, et qu'il me reste mon père et ma sœur : Julia. Jamais Cece n'a fais partie de ma vie, et jamais elle n'en fera partie, alors à quoi bon la mentionner ? 

Mes yeux s'ouvrent avec difficulté, et la première chose que je vois, c'est lui. Nash. Un léger sourire se pose sur mes lèvres. « Bonjour vous », je me mords la lèvre et remonte le drap doucement sur moi. Mes vêtements ont eu raison de notre envie folle hier, et se retrouvent un peu partout dans la pièce. L'une de mes mains se laisse doucement aller dans ses cheveux, « tu devrais aller comme ça au boulot, je trouve que ça te va très bien », je souris, amusée. Il secoue la tête et souffle, comme si dedans il me disait que je disais n'importe quoi. Je savais qu'il aimais prendre soin de lui, et forcément, aller au boulot pas coiffé, ce n'était pas imaginable. Je repasse ma main dans sa touffe du matin, et je le trouve beau. Il est beau. Il est à moi. Cette idée me fait sourire, et je viens cacher mon visage dans sa nuque. « J'ai pas envie que tu partes au boulot. Reste au lit, toute la journée avec moi. ». Je dépose des baisers dans sa nuque, comme pour lui annoncer le programme de la journée s'il ne va pas travailler. « Je suis obligé, ce soir c'est- », je stoppe mes baisers, et ne lui laisse pas le temps de finir. « Ah ouais, c'est vrai, c'est ton soir. Le soir où tu te rince l’œil bien gentiment. » et peut-être pas que l’œil. Je soupire et me tourne pour lui faire dos. Il passe sa main sur mon épaule tendrement, il veut me calmer. « Lâche moi ! C'est bon. » et me voilà en colère pour la journée. Son club, c'est important pour lui, et je le sais. Au début c'était une bonne idée, et puis il a décidé, deux soirs par semaine, d'en faire un club de strip-teases. Est-ce que je l'ai bien pris ? Totalement oui, j'adore voir mon copain travailler avec des filles qui dansent à moitié à poil. Comment une femme peut accepter ça ? Ça doit bien lui faire plaisir d'avoir ces deux soirées là. D'être tranquillement là, à voir des filles aussi bien foutues les unes que les autres danser pour des hommes qui n'ont rien de mieux à faire. Le pire c'est quand j'y vais faire un tour. Il les regarde avec ces yeux qui brillent, il les regarde comme s'il voulait qu'elles dansent pour lui, et ça, ça me met au plus haut point. Comment se retenir quand l'homme qu'on aime en désire une autre ? C'est pas possible.
Nos colères expriment nos désaccords, et c'est d'ailleurs souvent le même point qui revient. Alors on crie. On crie et on frappe. On jette tout ce qui nous passe sous la main, on fait de la maison une véritable porcherie. Il ne veut rien entendre, je hausse la voix. Je hausse la voix et il veut me faire taire. Il casse un verre, je casse un vase. Plus il crie et plus je hurle, plus il s'énerve et plus je perds patience. Et d'un coup tout s'arrête. Je fini contre un mur, sur le canapé, sur le lit, emprisonné entre une surface et ses bras, et il frappe. Il frappe fort. Jamais moi, non. Il frappe le mur, la table de chevet ou bien le meuble tout près du canapé. Il frappe le placard de la cuisine, ou la porte. Il frappe ce qu'il se trouve tout près, près de lui, près de moi, assez près pour que j'ai peur, mais pas trop pour pas que je sois touché. On se détruit. On détruit à petit feu, et plus on se détruit, plus on s'aime. Certains diraient que ce n'est pas de l'amour, que toute cette violence ne mènera à rien de bon, que ça finira par nous jouer des tours. Ils diraient que ce n'est pas de l'amour, mais que c'est de la destruction. C'est peut-être pas l'amour qu'on s'imagine vivre, ni même l'amour qu'on voit à la télé, ou dans les clips vidéos, c'est pas l'amour doux auquel on s'attend. Non, c'est rien de tout ça. C'est certes, pas l'amour auquel on pense quand on utilise le mot « amour » mais c'est notre amour. On se détruit peut-être, mais on se détruit ensemble, et ça change tout.